PROGRAMME DE DÉCENTRALISATION AUX COMORES : INTERVIEW DE LAMIAT S.A – MARS 2013

Quel est l’état actuel de la décentralisation aux Comores?

Le cadre législatif de la décentralisation aux Comores est encore très récent. La loi cadre de décentralisation, ainsi que la loi portant organisation territoriale datent de juillet 2011 ; et initialement, les premières élections municipales avaient été annoncées pour fin 2011 puis pour 2013 mais nous n’en sommes pas encore là.

Jusqu’à présent, la mise en place de la décentralisation (l’élaboration des textes, le découpage territorial, la formation des élus etc.) a été financée par l’Union européenne, via le Programme de Coopération Décentralisée, qui a pris fin en juin 2012.

En pratique, un nouveau découpage territorial a été opéré (pour la Grande Comore, nous sommes passés de 74 à 28 communes) et dans l’attente des élections municipales, des délégations spéciales ont été mises en place afin d’assurer l’administration provisoire des collectivités territoriales. Toutefois, ce dispositif se heurte à plusieurs embûches : certaines communes ont vraisemblablement refusé de faire partie de ce nouveau dispositif refusant ainsi le nouveau découpage et des voix discordantes se font entendre quant à la légitimité de ces délégations et au partages des compétences. Par conséquent, le chemin est long mais les débuts d’une nouvelle entreprise sont toujours difficiles.

 

Qu’est ce que le renforcement d’une organisation communale peut apporter au développement du pays ?

Notre programme se situe certes à l’échelle du développement local de 2 communes du nord de la Grande Comore mais en ce sens, il contribuera justement au développement national dans la mesure où il favorisera la dynamique de la décentralisation. Et en facilitant ce processus de décentralisation, le projet contribuera au renforcement d’une bonne gouvernance locale ; ce qui constitue une avancée non négligeable dans le développement d’un pays fragile.

 

Quelles sont les étapes de votre mission ?

Notre mission se scinde en 3 volets répartis sur 3 années : le 1er volet de développement local consiste en une phase que l’on peut appeler « préparatoire » mais qui est loin d’être la plus simple. Ce volet qui durera esentiellement le long de la première année d’intervention consiste à accompagner les communes dans la mise en place d’un cadre de concertation et de supports de planification. Concrètement, il s’agira de mettre en place des comités de développement local qui porteront la dynamique d’élaboration d’un plan de développement communal (PDC) et qui regroupera les élus, les OSC, les associations locales, selon une démarche participative et une stratégie de communication concertée. Le 2ème volet consistera à partir de la 2ème année et ce, jusqu’à la fin du programme, à financer des projets issus des PDC et à accompagner les communes dans les modalités de gestion de ces projets. Enfin, le 3ème volet qui sera exécuté tout au long du programme a trait à la capitalisation de notre démarche d’intervention et au renforcement des capacités des acteurs concernés. Plus précisément, le projet s’inscrit dans une démarche de formation des collectivités locales, des OSC et des enseignants mais nous veillerons également à publier des documents tels que des fiches ou des guides méthodologiques.

 

A quels obstacles pouvez-vous être confrontés ?

L’obstacle majeur auquel nous pourrions être confrontés est lié à l’instabilité des élus et du personnel des communes qui sont problablement amenés à être renouvelés à l’issue des prochaines élections. Actuellement, les délégations spéciales qui sont en quelque sorte des structures de transition en attendant l’installation des maires élus, souffrent, pour certaines, de contestations, ce qui rend notre contexte d’intervention fragile. Toutefois, le programme bénéficiera de l’appui technique constant de notre ONG partenaire, ID, qui nous accompagnera tout au long du processus.

 

Sur quelles forces pouvez compter pour vous aider ?

Avant tout, nous pourrons compter sur les premiers bénéficiaires de projet qui sont les élus des communes concernées mais nous pourrons également bénéficier de l’appui de personnes ressources au sein de chaque commune. Par ailleurs, les principaux acteurs de la décentralisation aux Comores nous apporteront vraisemblablement leur concours au premier rang desquels la Direction de la décentralisation ainsi que les partenaires au développement. Enfin, le projet souhaite bénéficier de l’appui déjà non négligeable dans le développement local de la diaspora des communes bénéficiaires du projet.

 

Quel va être le rôle des animateurs du projet ?

Crucial, dans la mesure où ils sont l’interface entre l’équipe projet et les communes. Chaque animateur aura l’accompagnement d’une commune sous sa responsabilité et devra, sous la supervision de la Responsable programme, contribuer à la mise en place du cadre de concertation et de planification du projet. En ce sens, il sera chargé d’animer les réunions avec les communautés, de sensibiliser la population locale, de participer à la planification des activités du projet, d’apporter un soutien et un suivi aux communautés dans la mise en oeuvre de leurs projets de développement local et de faire du reporting. Le rôle des animateurs est donc principalement un rôle de terrain.

 

Comment interpréter l’intervention de MAEECHA dans le domaine du développement local ?

Depuis sa création, MAEECHA travaille de concert avec ID qui historiquement intervient dans les Etats fragiles avec une démarche de développement local. Ce programme est l’opportunité pour MAEECHA, qui est déjà habituée aux processus de concertation multi-acteurs, de non seulement développer un nouveau domaine de compétence en développement local mais également d’initier des activités durables en Grande Comore. Elle bénéficiera de l’assistance technique de ID tout au long du programme. En outre, il faut savoir que le développement local a trait à plusieurs domaines d’intervention et qu’il n’est pas invraisemblable que certains projets montés par les communes aient trait à l’éducation.