… L’arrivée de la première génération de maire et d’élus communaux dans un système encore embryonnaire dont les responsabilités nombreuses n’impliquent pas l’aide immédiate de l’Etat, à l’origine de cette réforme. Les dispositifs d’accompagnement des communes vers une décentralisation réussie sont quasi inexistants.
L’ONG Maeecha, soucieuse de contribuer au maintien de la stabilité politico-institutionnelle des Comores, par la promotion de la politique de décentralisation, la bonne gouvernance locale et la démocratie participative, élargit son action en se proposant de soutenir deux communes du nord, Nyumakomo et Mitsamiouli par le biais d’un programme Développement Local, appelé également « Mayendeleyo ya mikowani ».
Aujourd’hui, La Gazette nous offre l’opportunité de nous exprimer davantage, à travers une série de publications, en vue de partager cette expérience d’accompagnement du développement local et de contribuer à la mise en place de dispositifs d’accompagnement des communes pour le développement de leurs territoires.
Le 21 juillet 2011, le gouvernement pose une pierre cruciale du projet de décentralisation aux Comores par la promulgation de la loi relative à la décentralisation au sein de l’Union des Comores. Il s’agit d’une avancée historique dans le processus de partage et de démocratisation des pouvoirs. Cette initiative vise à encourager le transfert effectif de compétences et de ressources pour que les communes puissent dynamiser la vie locale.
Le comorien est invité à penser l’espace auquel il appartient non plus selon le critère du village, du quartier mais de la COMMUNE; l’espace commun est désormais conçu de manière différente.
Mais qu’en est-il réellement de l’appropriation de ces dispositions par la population et ses représentants au quotidien ? Quelles sont les moyens, les outils et les dispositifs d’accompagnement pour une décentralisation progressive et effective des compétences et des moyens de l’Etat ?
Dans le respect du cadre mis en place mais un certain délaissement, les collectivités entrent à l’époque dans une phase de transition où des « délégations spéciales » sont désignées après consultation des communautés avant d’être nommées par les autorités insulaires. Leur rôle était alors d’administrer les affaires locales courantes et de contribuer à l’organisation des premières élections communales de l’histoire. S’en est suivi l’arrivée de la première génération de maire et d’élus communaux dans un système encore embryonnaire dont les responsabilités nombreuses n’impliquent pas l’aide immédiate de l’Etat, à l’origine de cette réforme. Les dispositifs d’accompagnement des communes vers une décentralisation réussie sont quasi inexistants.
Janvier 2013, la phase 1 du programme consiste en la sensibilisation et la formation des acteurs locaux aux notions et pratiques de la décentralisation, et à la démarche développement local, en la mise en place de cadres de concertation et de planification regroupant autorités locales et acteurs de la société civile, l’éducation citoyenne, et point d’orgue du processus : l’élaboration d’un Plan de Développement Communal pour chaque commune.
Grâce à ces activités menées de concert avec Maeecha, Mitsamiouli et Nyumakomo ont fait un bond en avant vers la décentralisation et la planification concertée du développement local en s’appropriant les outils permettant une gestion participative de leur commune.
Le projet communal est réfléchi et écrit, reste la réalisation. La récente loi de finance intégrant la subvention de l’Etat au fonctionnement des communes devrait permettre aux communes en général et aux efforts des deux communes du nord de de Ngazidja en particulier de gagner la confiance de leurs citoyens.
Les communes réussiront-elles à (re)mobiliser leurs citoyens autour de leurs efforts ?
A suivre !
Maeecha
Publiée dans La Gazette n°2982.